2 pages dans Le Point
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Le magazine Le Point du 5 juillet 2018 nous a consacré un bel article de deux pages. Lisez donc !
Les bonnes feuilles de Saint-Gilles
Le domaine propose des infusions haut de gamme, bio et solidaires : il emploie, près de Chaumont-sur-Loire, 45 personnes souffrant de handicap mental. Par Marion Cocquet
Ils sont une dizaine, à l’ombre de l’atelier, qui dépouillent des branches de tilleul de leurs fleurs juste écloses. Le soleil est déjà chaud malgré l’heure matinale, les portes sont grandes ouvertes sur la cour. en face, dans un autre bâtiment, sèchent les dernières récoltes de lavande. L’élégant domaine de Saint-Gilles, près de Chaumont-sur-Loire, était à l’abandon depuis près de dix ans lorsqu’en 1994, l’association Leda a racheté ses 25 hectares pour les convertir à l’agriculture biologique et y créer un établissement et service d’aide par le travail (Esat). Il accueille aujourd’hui 45 personnes souffrant de handicap mental, dont une vingtaine vivent sur place. Un premier groupe se consacre au maraîchage, un deuxième à l’entretien d’espaces verts et, depuis peu, une troisième équipe crée des infusions - succulentes - sous le nom de Plantes du domaine de Saint-Gilles.
« Nous cultivions au départ des plantes médicinales pour le laboratoire Boiron, qui les utilisait pour l’homéopathie. En 2013, la législation sur ce type de préparation a changé et le laboratoire a été contraint d’arrêter l’activité, explique Claude Richer, responsable de production du domaine. Nous avons alors décidé de changer notre fusil d’épaule pour nous lancer dans les infusions bio. » Des tisanes très haut de gamme, vendues dans de jolies boîtes pastel aux dessins délicats. « Ils nous fallait trouver un créneau qui offre aux personnes que nous accueillions une activité manuelle, tout en permettant une certaine stabilité financière, souligne Nadine Desnoyers, directrice du domaine. Un Esat est toujours dans un équilibre fragile entre le social et l’économique. »
L’équipe du domaine s’est donc lancée. En tâtonnant d’abord : elle compose en effet elle-même ses recettes. « Quand on imagine une nouvelle préparation, tout le monde est mis à contribution pour goûter ! » précise Nadine Desnoyers. Basilic, cannelle et primevère ; laurier, mauve, bruyère et graines de carvi ; romarin, bleuets safranés, rose de Provins et de Damas… Neuf variétés pour le moment, bientôt 12, avant que ne soit expérimentée une gamme de fruits rouges. L’Esat aimerait s’associer ensuite à l’institut du goût de Tours pour recevoir l’expertise des étudiants, mais aussi et surtout pour s’ouvrir à l’extérieur. Tout, en revanche, est fabriqué sur place. Les plantes fraiches, qui occupent 2 hectares de la propriété, sont séchées, brisées, triées et ensachées au domaine… et les boîtes de carton sont pliées à la main.
Le pari est réussi : les Plantes du domaine de Saint-Gilles sont aujourd’hui présentes dans 150 points de vente, épiceries fines, salons de thé ou restaurants de la région, et viennent d’être référencées par le Printemps du Goût, boulevard Haussmann à Paris.
Le Point Spécial Au fil de la Loire
05/07/2018
Actualités > Villes/Régions
Publié le 07/07/2018 à 09:00 | Le Point